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Histoires féées

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Dominique Didier

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Feb 20, 2002, 9:49:07 AM2/20/02
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Oyez ! oyez ! oyez !


Je reviens sur un sujet déjà évoqué, la prononciation de
« féerie » (féri), « féerique » (féric), où le second « e » ne doit pas
être dit puisque le mot est dérivé de « fée » et non de « féé ».

Mais le mot « féé » existe lui aussi, il est assez rare. C'est
l'adjectif qui apparaît dans le conte de la Barbe bleue, la clé ou la
clef y est féée. Ce participe est issu du verbe « féer » qui se prononce
comme « créer ». C'est l'un des rares verbes qui offrent parfois trois
« e » successifs.

Or, dans beaucoup d'éditions du conte, l'adjectif est confondu
avec le substantif féminin : « il demeura toujours du sang, car la clef
était féée, et il n'y avait pas moyen de la nettoyer tout à fait : quand
on ôtait le sang d'un côté, il revenait de l'autre ». La clé n'est pas
une fée, une personne, mais elle est enchantée, douée de pouvoirs
magiques. Il s'agit là d'une de ces modernisations abusives de Perrault,
comme la célèbre « pantoufle de vair » qui n'est pas la forme choisie
par Perrault lui-même, « pantoufle de verre » dans le titre même. Je
remarque qu'Anatole France dans « le Livre de mon ami » préfère les
chaussures de cristal, qui existent bien dans d'autres contes, mais il
le justifie ainsi : « Ces pantoufles étaient fées ; on vous l'a dit, et
cela seul lève toute difficulté. » Or il a choisi pour se justifier la
forme de l'adjectif « féé » qui n'est pas présente chez Perrault, mais
qui existait déjà chez Furetière à la même époque, « fée », sans doute
parce que le mot était alors simplifié à l'oral en une syllabe. « Des
armes fées qui ne pouvaient êtres percées. » Il aurait été bon de
conserver la distinction entre le nom et l'adjectif.

Le mot est un de ces éléments mystérieux et anciens qui jettent
le trouble lorsqu'on lit ces contes.

Dominique

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